De l’incapacité de la direction Manpower à assumer ses politiques sociale, managériale et économique, et leurs conséquences

Ajout du 25/11/2009 :

En même temps que se tenait le CCE annonçant la poursuite de la réduction des effectifs, Mme le Président a donné une interview au journal Le Monde dans laquelle elle dit : « Nous avons remplacé trois départs spontanés - résultat du taux de turnover naturel observé traditionnellement dans l’entreprise - sur quatre. Seul un départ sur quatre n’a donc pas été remplacé. ».
(Voir l’édition du Monde du 24/11/2009 - http://www.lemonde.fr/talents-fr/article/2009/11/23/francoise-gri-aucun-plan-social-n-a-ete-engage-cela-aurait-detruit-des-competences_1270664_3504.html -)

Entre avril 2008 (4472 personnes en effectif CDI) et septembre 2009 (4100 personnes en effectif CDI), sans compter la perte de 500 CDD fin 2008, ce sont 372 postes CDI qui ont été perdus. Le remplacement de 3 départs CDI sur 4 signifierait donc 4 X 372 = 1488 départs en 17 mois, soit un équivalent de 1050 départs annuels. Ramené à un effectif moyen de (4472 + 4100) / 2 = 4286 CDI sur la période, cela signifierait un turn-over annuel global calculé de plus de 24%. Le même raisonnement appliqué entre fin 2008 et les prévisions à fin 2009 donne un turn-over annuel global calculé de plus de 29%, et ce alors que nous sommes bien en pleine période de chômage et que la direction annonce en 2010 un turn-over annuel global de 10% seulement, certainement plus proche de la réalité actuelle.

Les dires du Président de Manpower France au journal Le Monde sur la politique mise en œuvre dans l’entreprise sont donc tout simplement en dehors de la réalité.

Rappelons aussi, comme le Président de Manpower France, que l’entreprise ne met en place aucun plan de sauvegarde de l’emploi pour accompagner les « départs » de ses salariés.

Ajout du 06/12/2009 :

Suite aux déclarations erronées de Mme le Président de Manpower France, et les rappels à la réalité diffusés par la CFTC, le journal Le Monde a publié dans son édition du samedi 05/12/2009 le rectificatif suivant :

« Dans l’entretien qu’elle a accordé au « Monde de l’économie » du 24 novembre, la Présidente de Manpower France affirme : « Nous avons remplacé 3 départs spontanés - résultat du taux de turnover naturel observé traditionnellement dans l’entreprise - sur 4. » Pour l’année 2009, cette information est inexacte, comme l’a signalé la CFTC dans un communiqué du 25 novembre : 372 salariés permanents auront, fin 2009, quitté l’entreprise, tandis que 90 personnes auront été embauchées dans le même temps, soit un remplacement sur quatre départs. »

Mme le Président de Manpower France et sa Direction de la Communication actuels s’étaient déjà fait remarquer par des tentatives de manipulation et d’instrumentalisation de journaliste dans la communication externe et interne à l’entreprise (voir notamment notre article antérieur évoquant des précédents de communication de la direction Manpower visant à manipuler et à dissimuler la réalité).

Surtout, d’autres velléités de la direction de dissimuler les évènements présents dans l’entreprise préoccupent gravement la CFTC Manpower, pour leurs conséquences prévisibles en terme d’atteinte aux salariés permanents et intérimaires et de dysfonctionnement de l’entreprise :

  • menaces de filtrage des messages syndicaux adressés sur les adresses courriels publiques agences théoriquement ouvertes à tous, suite à quelques envois très ponctuels dont le dernier sur l’ampleur sans précédent historique dans l’entreprise de la restructuration en cours sur le réseau d’agences.
  • dénonciation prochaine des accords sur la représentation du personnel, dans l’optique de réduire de manière drastique le nombre de représentants du personnel, et la volonté de les couper de leur proximité avec la réalité terrain (suppression des comités d’établissement locaux) ;
  • suppression forcée des salariés intérimaires dans les CHSCT Manpower, alors que ceux-ci sont les témoins d’une population à risque en matière de sécurité, et que cette sécurité des intérimaires est étroitement liée aux procédures internes Manpower, qui relèvent justement des CHSCT Manpower ;
  • entraves aux instances CHSCT et CCE (des procédures de justice sont en cours), tentatives de limiter les prérogatives CHSCT dans des textes conventionnels (texte GPEC initialement, puis texte Handicap permanent plus récemment).

Toutes ces vélléités ont un point commun : faire taire les témoins d’une réalité souvent gênante et couper court à la liberté d’expression, isoler individuellement les salariés face à la direction, en les coupant d’une représentation d’élus qui leur apporte aide, soutien et remonte leurs problèmes.


Version initiale de cet article, du 19/11/2009 :

Accélération de destructions massives d’emplois dans le cadre du processus de « Refondation » de Manpower France

Cette semaine, en Comité Central d’Entreprise (CCE), la direction a annoncé :

  • La suppression de 53 regroupements d’agences AME. Ces entités seront regroupées dans d’autres AME, ce qui entraînera un accroissement de la mobilité. Conséquences de ces suppressions : 24 responsables d’agence sont concernés et doivent faire l’objet de proposition(s) de reclassement.
  • 19 établissements d’agences physiques du réseau seront fermés. Il s’agit selon la direction d’agences non ouvertes une grande partie de la semaine.
  • Aucun départ de Chargés de Recrutement ne sera remplacé en 2010. Il y a actuellement 300 consultants en recrutement environ. Avec un turn-over annuel atypique de par son importance de 30% à 40% sur ce métier selon la direction, on imagine facilement que cette profession est gravement menacée chez Manpower.
  • En 2010, la direction table sur un turn-over annuel global de 10% soit 450 départs de l’entreprise et a présenté deux scénarii :
  1. L’activité repart et le CA augmente au moins de 10%, la direction prévoit le remplacement seulement d’une personne sur deux. C’est donc la disparition de 220 postes qui est planifiée pour 2010 dans le meilleur des cas.
  2. Si l’activité ne redémarre pas aucun CDI ne sera remplacé ; conséquences dramatiques pour le personnel : suppression de 450 postes de travail.

Le bilan de la restructuration actuelle depuis décembre 2008 se chiffre à :

  • 500 CDD supprimés en 2009 ;
  • entre 670 et 870 CDI supprimés entre avril 2008 (4472 postes CDI) et décembre 2010 (entre 3602 et 3802 postes CDI attendus).

Donc, ce sont entre 23% à 27% du total des effectifs que vise à supprimer la direction Manpower en 2 ans, et ce sans aucun plan social pour l’accompagnement des salariés permanents remis sur le marché de l’emploi.

Dans l’après-midi, La directrice de « la Stratégie et du Développement Durable » a présenté un plan de croissance des agences avec des exigences très ambitieuses tant sur la qualité que sur le développement des objectifs commerciaux.

En soirée, le directeur des ressources humaines nous présentait le plan de réduction des effectifs de la direction. Nous avons alors pu constater l’énorme fossé qu’il existe entre les belles paroles de la direction (« y a qu’à, faut qu’on ») et une gestion de ressources humaines destructrice d’emplois.

Ce n’est certainement pas en supprimant entre 200 et 400 postes de CDI supplémentaires que nous pourrons atteindre les objectifs qui nous serons fixés. Quel gâchis ! Alors que paradoxalement le résultat financier de l’entreprise reste positif en 2008 et en 2009 malgré l’intensité de la crise (en voir les raisons dans un de nos articles précédents), la CFTC s’oppose à ces suppressions massives d’emplois. Elle propose à la direction d’utiliser une partie des importantes réserves de centaines de millions d’euros que la société possède pour passer ce cap difficile et de profiter de la baisse d’activité pour former son personnel, afin d’être prêt dans les meilleurs conditions lorsque la croissance sera de retour.

Pour toutes informations supplémentaires vous pouvez joindre nos représentants CFTC en DO ou Alain BEC au 06.76.44.04.02.


Ajout du 26/11/2009 :

Tract semestriel rédigé début novembre par les représentants CFTC, et adressé mi-novembre 2009 aux salariés permanents, par voie postale

Stress au travail : les langues se délient

L’emballement médiatique a contribué à délier les langues sur un sujet hier tabou, et les témoignages de délégués et de salariés ont aussi donné de la consistance aux articles de presse.

Que ce soit sur le Réseau ou au Siège, vous êtes nombreux à nous faire part de vos inquiétudes concernant vos conditions de travail. Les sujets évoqués sont multiples : mobilités contraintes, agences démunies du personnel affecté au marché Pôle Emploi, inquiétudes sur le maintien des postes de Consultant Recrutement, des objectifs inatteignables mais non révisés, une pression hiérarchique forte, la baisse de pouvoir d’achat, l’imposition stricte des nouvelles règles de congés, etc...

Lassés du toujours plus, de faire bonne figure pour laisser croire que tout va bien, certains souhaitent maintenant exprimer tout haut, ce que beaucoup d’entre vous n’osent encore dire par risque de représailles.

« Travailler, ce n’est pas seulement produire, c’est aussi vivre ensemble » dit Christophe Dejours, professeur titulaire de la chaire de psychanalyse santé travail au CNAM.
Et pourtant, par l’individualisation des primes, des objectifs, de la performance, tout est en place pour détruire ce qui faisait la force et l’unité des salariés Manpower.

Devant ce fléau qui touche un nombre grandissant d’entreprises, le gouvernement a présenté un plan en 5 mesures, dont l’une est l’ouverture de négociations dans les entreprises de plus de 1000 salariés.
Face à la menace d’une publication sur Internet du nom de celles ayant ou non négocié, nul doute qu’elle auront lieu chez Manpower. Encore faut-il que ces négociations ne soient pas la simple réponse à une obligation, comme ce fut le cas sur les Séniors et le Handicap, puisqu’à ce jour, les projets transmis n’ont pas, loin s’en faut, recueilli l’approbation des organisations syndicales.

Quoi qu’il en soit, nous resterons fidèles à nos valeurs, et continuerons à défendre les conditions d’un juste équilibre entre vie professionnelle, vie familiale, et vie personnelle, qui concourent à la préservation de la santé des salariés.

C’est le sens de notre devise : La Vie à Défendre !


Voir aussi :