Le diagnostic des problèmes dont nous parlons dans cette section ne peut être posé que par des professionnels.
Les personnes qui vivent de telles difficultés devraient s’arrêter, accepter de demander l’aide et y recourir avec le plus d’ouverture possible.
Une fois leur état amélioré, elles devraient aussi appliquer des moyens de prévention de façon à ne pas se retrouver dans le même état.
En effet, si elles continuent à adopter les façons de penser et d’agir auxquelles elles sont habituées et qui ont favorisé l’installation de leur état actuel, elles risquent, une fois rétablies, une fois l’orage passé, de s’épuiser à nouveau, de tout voir en noir à nouveau...
Attention : Comme le burn-out n’est toujours pas reconnu comme « maladie », il est plus que possible que votre médecin pose un diagnostic de dépression ou de trouble d’adaptation, plus facilement admissible aux différentes compensations financières en cas de retrait du travail.
Les symptômes de la dépression et du burn-out sont souvent semblables, quoique les causes diffèrent.
Certains spécialistes voient dans le burn-out la manifestation reliée au travail d’une dépression affectant plusieurs aspects de la vie.
On réfère aussi au burn-out en parlant d’épuisement professionnel qui pose aussi des problèmes de reconnaissance quand il s’agit d’obtenir des revenus (assurances, CSST...) si un retrait du travail s’avère nécessaire.
Définition de l’épuisement professionnel (burn-out, burnout, )
Selon Freudenberger (1975), le burn-out c’est le fait de s’user ou d’être épuisé après avoir réclamé trop d’énergies ou de ressources.
Le burn-out, c’est donc l’épuisement de nos ressources physiques, mentales et émotionnelles : il s’installe progressivement, même s’il donne l’impression de survenir tout d’un coup.
Le burn-out se rencontre surtout chez la personne qui poursuit des idéaux élevés dans sa vie personnelle, familiale ou professionnelle, puisqu’elle consacre toute son énergie à atteindre un but irréaliste dans les conditions actuelles, mais il peut aussi être le résultat d’un travail où on a l’impression de répéter la même routine, de tourner en rond, jour après jour, semaine après semaine, de s’ennuyer, de sembler désorienté(e), de soupçonner les autres de ne pas nous apprécier...
On parle d’épuisement professionnel ou selon la formule anglaise consacrée, de burn-out.quand le problème majeur de la personne tire son origine du milieu de travail, quand ce domaine-là de sa vie est le plus atteint", précise Sylvie Boucher, psychologue.
Distinction importante, car dans sa manifestation tant physique qu’émotionnelle, l’épuisement professionnel ressemble étrangement à la dépression. Mêmes symptômes, quoique, souvent, moins prononcés.
L’épuisement professionnel peut aussi verser parfois dans la dépression pure et simple.
« La pression incroyable, l’importance que prend le travail dans la vie des gens, les demandes accrues au travail, le manque de temps pour s’occuper de soi, de ce qu’on aime, de sa famille, tout ce mode de vie concourt à créer de l’anxiété, de la dépression, de l’épuisement professionnel, précise la psychologue. Les gens arrivent à la maison épuisés, n’ont le goût de rien, même pas de se consacrer à ce qui leur a toujours plu. »
L’épuisement professionnel, aussi appelé burn out, semble frapper de plus en plus de gens.
Les symptômes
L’épuisement profesionnel (burn-out) est un syndrome qui se traduit par un ensemble de symptômes variant d’un individu à un autre. Il ressemble beaucoup à la dépression, à la différence qu’il est directement et uniquement lié au travail.
Toutefois, si l’épuisement professionnel n’est pas traité, il peut aussi déborder sur la vie personnelle.
La personne qui en souffre peut présenter plusieurs des symptômes suivants :
- Fatigue physique : Diminution d’énergie, fatigabilité chronique, affaiblissement et ennui. Ceux et celles qui souffrent d’épuisement ont souvent une propension aux accidents et aux maladies, de fréquents accès de migraine, des nausées, des tensions musculaires aux épaules et au cou, des douleurs dorsales, des changements dans leurs habitudes alimentaires et dans leur poids.
- Fatigue émotionnelle : Elle est accompagnée de sentiments de dépression, de désespoir, d’impuissance et d’une sensation d’être pris au piège, qui entraînent parfois, en crise aiguë, des troubles mentaux et des idées suicidaires, accès de larmes continues et incontrôlables, perte des mécanismes de contrôle et de récupération. La personne épuisée se sent vidée au niveau émotif ; s’irrite et s’énerve facilement.
- Fatigue mentale : Elle se caractérise par le développement d’attitudes négatives vis-à-vis soi-même, de son travail et de la vie. Les personnes épuisées se sentent incompétentes, inférieures, incapables. Elles développent aussi des attitudes négatives à l’égard des autres.
Le burn out peut générer une foule de symptômes, dont voici quelques exemples : fatigue, perte d’enthousiasme, troubles digestifs, maux de dos, problèmes de peau, de sommeil, etc. perte de confiance en soi et sentiment d’incompétence, culpabilité, aversion pour le travail et baisse de rendement difficultés de concentration et trous de mémoire anxiété, irritabilité, négativisme.
Les premiers signes consistent généralement en une perte d’énergie et en un sentiment d’abattement, suivis par l’indifférence et enfin par l’ennui, la désillusion et le cynisme, voire par l’agressivité envers les proches et les collègues de travail.
Certains troubles physiques peuvent aussi constituer des signes avant-coureurs, comme un rhume qui ne guérit pas ou un mal de dos récurrent.
Les causes
On classe les causes du burn out en deux grandes catégories : les causes externes et les causes internes.
- En ce qui concerne les causes externes, on peut dire que l’épuisement professionnel est le résultat d’un stress émotionnel chronique engendré par de trop grandes exigences au travail.
On peut citer, par exemple, un manque de soutien, une surcharge de travail ou de responsabilités, un emploi du temps trop chargé, un échéancier irréaliste, une mauvaise entente avec l’employeur ou les collègues.
Le fameux « syndrome du survivant », chez les employés qui restent après une vague de licenciements dans une entreprise, peut aussi facilement déboucher sur le burn out à cause de la multiplication des tâches à accomplir et du traumatisme causé par le départ brutal des collègues.
Plusieurs études ont aussi montré que certains professionnels sont plus à risque, notamment dans le domaine de la santé, ainsi que les travailleurs sociaux, les enseignants et les agents de services correctionnels.
Les femmes sont également plus touchées : en moyenne trois femmes pour deux hommes.
- Pour les causes internes, on a constaté que certains types de personnes sont fréquemment victimes de burn out, en raison de leur attitude envers leur travail, de leur comportement et de leurs attentes.
Les « candidats » à l’épuisement présentent généralement les caractéristiques suivantes :
- Ils sont perpétuellement anxieux et inquiets par rapport à leur valeur professionnelle.
- Ils sont très exigeants pour eux-mêmes et ne se donnent jamais de répit. Le repos leur apparaît comme une perte de temps et ils ne se sentent bien que lorsqu’ils accomplissent quelque chose.
- Ils veulent plaire à tout le monde et ne savent pas dire non. Très autocritiques, ils sont aussi incapables de déléguer et pensent qu’« on n’est jamais si bien servi que par soi-même »...
- Ils souffrent de la « mentalité du sauveur » : c’est l’altruisme poussé à l’extrême et le renoncement à soi.
Il s’agit de tension, d’anxiété, de fatigue, d’un manque d’intérêt pour le travail et d’une insatisfaction de soi au boulot. Avoir la larme facile, être facilement irritable, souffrir de maux de tête et de cœur, dormir moins bien, subir des changements d’appétit, ne plus pouvoir se concentrer, se sentir ni bon, ni beau, ni aimable font aussi partie du tableau. Tout s’accumule et la moindre petite chose devient une montagne.
« J’avais l’impression de pédaler sur place ; les dossiers s’empilaient sur mon bureau et plus j’en faisais, moins j’avançais ; c’était paniquant », témoigne Claude, un notaire dynamique qui s’est remis de l’épuisement professionnel.
« Plus la personne est atteinte, plus sont touchées les autres sphères de sa vie - couple, sexualité, loisirs, famille - plus on s’éloigne du strict burn-out et plus on s’approche de la dépression », ajoute Sylvie Boucher.
Étapes habituelles de développement du burn-out
- Enthousiasme idéaliste, où l’on retrouve de grands espoirs, un niveau élevé d’énergie et des attentes irréalistes.
C’est la période où le travail promet de tout combler. Il y a aussi une sur-identification avec la clientèle et une dépense d’énergie excessive et inefficace.
Il ne faut pas confondre cette étape avec l’enthousiasme au travail.
- Stagnation, où le travail n’est plus perçu comme aussi excitant et n’est plus le substitut de tout dans la vie. La satisfaction des besoins personnels et les questions de revenus, d’horaires de travail, de développement professionnel deviennent importantes.
- Frustration, où la personne s’interroge sur son efficacité au travail et sur la pertinence et la valeur du travail comme tel. Des troubles émotifs, physiques et de comportement peuvent se développer à ce stade.
- Apathie, où la personne se sent chroniquement frustrée au travail, mais a besoin de ce travail pour survivre. Elle cherche alors à travailler le minimum de temps requis, à éviter les défis et les clients, si possible, et à se protéger de tout ce qui pourrait mettre en danger la position de sécurité qui compense, de manière inadéquate toutefois, pour la satisfaction au travail.
- Dépression : Attention, le diagnostic des problèmes dont nous parlons dans cette section ne peut être posé que par des professionnels.
Les personnes qui vivent de telles difficultés devraient s’arrêter, accepter de demander l’aide et y recourir avec le plus d’ouverture possible.
Une fois leur état amélioré, elles devraient aussi appliquer des moyens de prévention de façon à ne pas se retrouver dans le même état.
En effet, si elles continuent à adopter les façons de penser et d’agir auxquelles elles sont habituées et qui ont favorisé l’installation de leur état actuel, elles risquent, une fois rétablies, une fois l’orage passé, de s’épuiser à nouveau, de tout voir en noir à nouveau...
Le risque de vivre une dépression majeure au cours de notre vie varie, selon les études, de 10 à 25% pour les femmes et de 5 à 12% pour les hommes. C’est donc un trouble plutôt fréquent...
Le mot « dépression » est cependant employé communément pour désigner toute une gamme de difficultés. Il n’a pas la même signification pour tout le monde. « Préférant » probablement ne pas se rendre compte de l’état réel dans lequel ils se trouvent, et sans doute à cause de la connotation négative du mot, les gens seront souvent étonnés du diagnostic de dépression posé par leur médecin.
Bref, plusieurs pourraient bien « être en dépression » sans le savoir.
La dépression s’explique par l’interaction d’un ensemble de causes biologiques, psychologiques (cognitifs, émotifs et comportementaux) et sociales (ex. chômage). La plupart des professionnels de la santé (et par ricochet, les compagnies d’assurance, la CSST, etc. ) utilisent le modèle médical pour définir la dépression.
Dans ce modèle, le diagnostic est porté lorsque certains symptômes sont réunis et ce, indépendamment des causes qui ont mené à l’état dépressif.
Les critères généralement utilisés en Amérique du Nord sont définis par l’American Psychiatric Association. Nous en présentons les grandes lignes dans ce qui suit.
On distingue généralement deux types de dépression : la dépression majeure et la dysthymie.
Habituellement, la dépression majeure consiste en un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs qui tranchent avec le fonctionnement habituel de la personne, alors que la dysthymie est caractérisée par des symptômes dépressifs chroniques, moins sévères, persistant pendant plusieurs années.
Critères d’un épisode de dépression majeure : Au moins cinq des symptômes suivants doivent avoir été présents pour une durée d’au moins deux semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur ; au moins un de ces symptômes est soit une humeur dépressive, soit une perte d’intérêt ou de plaisir :
Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet (par exemple : se sent triste ou vide) ou observée par les autres (par exemple : pleure).
Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (par exemple : modification du poids corporel en un mois excédent 5%, ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours).
Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).
Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable d’être malade).
Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
Pensées récurrentes de mort (pas seulement peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider. D’autres symptômes sont souvent présents : tendance à pleurer, à broyer du noir, irritabilité, ruminations obsessionnelles, anxiété, phobies, préoccupations excessives pour la santé physique, douleurs (ex. : céphalées, douleurs dans les articulations, à l’abdomen ou autres), des difficultés dans les relations intimes ou sociales, des difficultés sexuelles.
Certaines personnes peuvent présenter des attaques de panique. Dans environ 15% des cas, il y a présence de symptômes tels des hallucinations ou du délire. Il arrive que des symptômes d’anxiété envahissants « cachent » la dépression, empêchent de la diagnostiquer et de la traiter.
Certaines personnes ont un épisode isolé de dépression majeure suivi d’un retour complet à leur état normal. Un épisode non traité dure habituellement 6 mois ou plus. La majorité des gens se remettent complètement de cet épisode et reviennent à leur fonctionnement antérieur. Cependant, chez 20 à 30% d’entre eux, certains symptômes persisteront pendant des mois ou même des années. Environ 50 % des gens ayant vécu un épisode dépressif vont présenter un deuxième épisode. Les personnes ayant vécu deux épisodes ont un risque de 70% d’en présenter un troisième, et ceux ayant eu trois épisodes, un risque de 90 % d’en présenter un quatrième.
On estime que, dans environ 20 % des cas, l’évolution est chronique et il n’y a pas de plein rétablissement entre les épisodes. Enfin, jusqu’à 15 % des sujets présentant un trouble dépressif majeur sévère se suicident. Ces données statistiques montrent bien l’importance de traiter la dépression ; une dépression non traitée peut être longue et les risques de récidive sont élevés.
Sources :
- Texte largement de http://www.psychomedia.qc.ca