Le Président de Manpower France Mme Françoise GRI, participe activement à un libéralisme technocratique en s’exprimant ces jours derniers au travers du Groupement des Professions de Services (GPS), mouvement patronal proche du Medef (voir le communiqué de presse du 07/02/2012 et le manifeste du GPS joints à cet article ci-en bas).

Notez bien qu’un certain nombre de propositions du GPS peuvent être fondées, et sans contradiction avec l’expérience des salariés au sein de l’entreprise Manpower France. Par contre, la CFTC en dénonce un certain nombre, au vue de la participation active du Président de Manpower France à ces réflexions, et la contradiction flagrante de certaines de ces propositions aux réalités éprouvées en interne dans l’entreprise Manpower France.

« Moderniser le dialogue social » : une attaque libérale du GPS contre les fondamentaux de la démocratie sociale

Le GPS préconise en clair de ne plus rendre compte aux salariés ni à la société de la gestion des entreprises, sous prétexte de « moderniser le dialogue social ». Or, le Président de Manpower France s’est lui-même largement disqualifié dans ce domaine : elle est le seul dirigeant d’un grand du travail temporaire toujours incapable de mettre en œuvre une GPEC alors même que les représentations syndicales sont homogènes dans la profession de l’intérim et de l’emploi, seul dirigeant d’un grand du travail temporaire ayant restructuré et supprimé des centaines d’emploi hors de tout cadre collectif, avec des méthodes de lamination individuelle des salariés. Pour voir les résultats des capacités de gouvernance du Président de Manpower France, il suffit de se référer :

  • au rapport Technologia de 2010 sur la situation psychosociale catastrophique en lien avec le mode de gouvernance et son aveuglement,
  • les rapports Syndex de réorganisation 2010 qui montrent une approche technocratique de la gouvernance, qui ne parvient pas à intégrer la réalité économique et sociale de l’entreprise,
  • le rapport Secafi de fin 2011 qui montre en creux le non respect des procédures collectives et les échecs des résultats économiques de la gouvernance de l’entreprise.

On peut donc comprendre le souci du Président de Manpower France de briser les thermomètres socio-économiques que sont la liberté d’analyse et de parole des salariés, qui se manifestent à travers les représentants qu’ils élisent. Pour pouvoir continuer à déployer son capitalisme technocratique, pour maintenir le transfert de surprofits vers les États-unis, il est en effet impératif pour elle de dissimuler la dimension essentiellement spéculative de son action, progressivement destructrice de la capacité économique de l’entreprise Manpower France.

« Développer les partenariats entre la sphère publique et les entreprise, et établir une concurrence équitable entre public et privé » : comment le libéralisme technocratique contredit et dévoie ses propres fondamentaux idéologiques, en considérant la ressource publique issue de l’impôt comme un profit auquel il a droit !

Alors que le pouvoir libéral développe le discours mystificateur que les services publics coûteraient par essence (dépense d’impôt) au contraire des activités privées qui rapporteraient (recettes fiscales), un certain capitalisme prétend désormais faire prospérer ses profits spéculatifs... sur l’impôt. C’est ainsi que les grands de l’intérim ont absorbé des pans importants des budgets Pôle Emploi en 2009 et 2010. Résultat : des salariés mis à travailler sur ces chantiers dans des conditions lamentables, recherche de rentabilité oblige, et Pôle Emploi qui a renoncé à ce type de marchés au vu de la réalité des prestations réalisées. Autre résultat tangible : une ponction des comptes publics de retour à l’emploi, tandis que le groupe Manpower remontait des centaines de millions d’euros de dividende aux États-unis en 2010. D’où provient la difficulté rencontrée ? Du poids insatiable du profit financier, totalement irraisonnable dans certains milieux patronaux, et insoutenable d’un point de vue concurrentiel par l’atteinte à la compétitivité économique qu’il provoque !

« Favoriser la compétitivité en refondant le contrat de travail et en allégeant les charges qui pèsent sur le coût du travail » : comment dissimuler les profits en désignant la société et l’économie humaine comme bouc émissaire, et sécuriser les profits financiers en créant une externalité sociale où y rejeter tous les risques

Cette capacité à dégager du surprofit spéculatif, est aussi à rapprocher d’un soit-disant discours de « compétitivité » visant à réduire les comptes sociaux et augmenter le temps de travail individuel. Le GPS invoque l’Allemagne comme il est à la mode, alors même que les études européennes Eurostats (http://abonnes.lemonde.fr/election-...) démontrent justement que le temps de travail individuel réel est déjà très important en France et comparable à l’Allemagne, et la productivité par contre plus importante en France qu’en Allemagne : et de fait, la réforme des 35h pourtant si décriée idéologiquement, a permis cette compétitivité notamment en introduisant une flexibilité annuelle du temps de travail, qui s’est additionnée à la modération salariale qui a suivi leur mise en place.
Donc, si l’on casse les thermomètres socio-économiques, non content de vouloir siphonner les comptes publics et sociaux à travers un soit-disant discours concurrentiel, il ne reste plus au libéralisme qu’à ne plus alimenter ces comptes publics et sociaux en réclamant des exonérations de cotisation et d’impôt !

L’irresponsabilité et la violence sociale, l’inhumanité sous-jacents à cette idéologie sont totalement inacceptables.

Conclusion : avant que de vouloir donner des leçons au pouvoir politique et citoyen, certains dirigeants feraient bien de commencer par faire leurs preuves au sein même de leur entreprise.


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