2023 s’est achevé sur une signature paradoxale par la CFTC de la Négociation Annuelle Obligatoire sur les Salaires. Voici notre éclairage.

Chamboulement de sa politique salariale par la direction, avec la réinvention de l’augmentation générale

Cette année, ce n’est pas dans l’équilibre et la justice financière à l’échelle de l’entreprise et du groupe Manpower, que la CFTC Manpower a trouvé grâce, puisqu’il nous faut à nouveau constater des montants irraisonnables de redevances, de dividendes et d’augmentation vertigineuse des indécents salaires des dirigeants américains Manpower, parfaitement illégitimes comparés à l’enveloppe d’augmentation allouées aux permanents Manpower. Mais, demandée depuis des années par la CFTC Manpower, il faut reconnaître à la proposition salariale de la direction d’avoir rompu son dogme de l’absence d’augmentation générale, ce qui était une demande de la CFTC depuis de longues années.

Toutefois ne vous y trompez pas : ce sont les défections terribles dans les équipes agence, la perte des savoir-faire, l’état déplorable des équipes et les très grandes difficultés de recrutement qui ont incité l’employeur Manpower à réinventer l’augmentation générale dans l’entreprise. Ce n’est donc ni par esprit de justice, ni par reconnaissance, ni par soucis d’équilibre économique : seuls les chocs additionnés d’une inflation galopante et d’une hémorragie du corps social, contre laquelle ils commencent seulement à vouloir agir en la colmatant au meilleur compte possible.

Parole de salarié (consultant recrutement du réseau agence) :
« Une rémunération fixe à plat.
La rémunération n’évolue pas au fil des années. Le salaire fixe est bas, si on a la chance d’avoir des primes alors ça devient juste correct. Les attentes commerciales sont fortes, la reconnaissance très faible.
L’entreprise fais face à des départs massifs, mais ne se remet pas en question. Les augmentations sont quasi inexistantes les promotions uniquement pour les bien vus. La direction, même régionales, n’est d’aucun soutien, voir, s’en met plein les poches au détriment des personnes dans les agences.
Aucun télétravail pour les équipes en agence, alors que le siège a le droit. Les marges des clients sont fonctionner par le siège pour limiter la rémunération des agences. Les négociations commerciales sont fait par des grands comptes sans tenir compte de la réalité du marché, ce qui génère des incohérences totales. »

Les mesures salariales 2023 de la direction Manpower envers les permanents agence :

  • augmentation générale de 90€ au 1er janvier 2023 pour les salariés présents depuis 18 mois ;
  • garantie de salaire annuel minimum brut de 24 000 € ;
  • augmentations individuelles de 2% au 1er juillet 2023.

Pourquoi la CFTC Manpower signe-t-elle la NAO ?

Une neutralisation temporaire de l’inflation pour les plus bas salaires

Si l’augmentation générale de 90 € ne compense pas l’inflation de cette année qui est de 5,2% en 2023 pour une partie des plus hauts salaires, elle la résorbe pour un grand nombre d’entre-nous, en particulier justement pour les plus bas, qui sont ceux qui ont le moins de latitude pour arbitrer dans leurs dépenses.

Une condition problématique de 18 mois d’ancienneté pour bénéficier de l’augmentation générale

Les militants CFTC ont été gênés pour la condition de 18 mois d’ancienneté pour pouvoir bénéficier de l’augmentation générale, parce que nous la considérons comme discriminante. Nous sommes toutefois passé outre nos réserves pour deux raisons :

  • l’augmentation de 90 € aurait été beaucoup plus basse sans signature syndicale (75 €),
  • et nous savons également que de nombreux collègues avec ancienneté ont des salaires inférieurs à ceux des nouveaux embauchés qu’ils forment, n’ayant pas eu la chance de négocier leur salaire dans ces derniers mois, où le marché du travail a été plus tendu.

La CFTC n’exclue pas de devoir relancer un rapport de force dans les mois à venir du fait de l’inflation et des pertes de pouvoir d’achat

Alors que la direction laissait baisser sans état d’âme les salaires réels ces dernières années, ce que les salariés et les militants peuvent constater, c’est que ce n’est que dans le rapport de force indirect du désengagement et des démissions, que la direction Manpower s’est redonnée quelques marges de manœuvre salariale.
Face à la poursuite d’une inflation galopante et alors que la négociation a juste neutralisée celle de ces quelques mois derniers, nous devons donc conserver l’option de la pression directe telle que la grève. Si nous ne la recherchons pas, nous ne devrons pas l’éviter si notre situation de pouvoir d’achat se détériore trop rapidement et que la direction n’en prenne pas la mesure par des mesures annuelles intermédiaires.


Note : nos demandes initiales lors de la négociation

  • augmentation générale de 6% jusqu’au niveau E et 4% pour les niveaux F jusqu’à M ;
  • prise en charge intégrale du surcoût de la prévoyance ;
  • versement d’une prime vacances équivalente à un demi mois de salaire ;
  • prime d’ancienneté tous les 5 ans ;
  • versement d’une prime PPV (Prime Pouvoir d’Achat) ;
  • voiture de fonction pour les salariés ayant une activité commerciale et, à défaut, la mise en place d’une prime mobilité durable ;
  • prime vie chère en fonction du lieu de résidence.

Voir aussi :